Lauréats AJAP 2020 | Albums des Jeunes Architectes et Paysagistes
« Une reconnaissance du Ministère de la Culture qui a pour objectif de détecter les jeunes talents de moins de 35 ans et de les faire connaître en France et dans le monde […] Les jeunes professionnels récompensés par ce prix sont investis dans l’architecture du quotidien et savent aussi bien concevoir que construire. Ils sont particulièrement attentifs à la question de la transition écologique et de la création intégrant la réutilisation de l’existant. »
Placé sous la présidence de la ministre de la Culture, il était présidé par Pierre-Louis Faloci, architecte, Grand Prix national de l’architecture 2019. Les lauréats AJAP 2020 bénéficieront pendant deux ans d’une campagne de valorisation mise en place par le ministère de la Culture en partenariat avec la Cité de l’architecture et du patrimoine et l’Institut français.
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Lettre de candidature aux AJAP 2020 | Comment habiter un monde en mouvement ?
Comment habiter un monde en mouvement ? Comment construire dans un environnement qui se transforme sans cesse ? Comment continuer à avancer lorsque l’on connaît les conséquences de nos activités sur la planète ? Ce sont ces questions qui guident les pas de notre collectif : Moonwalklocal.
Nous sommes une équipe d’architectes et nous cherchons une démarche qui se cale sur le rythme de notre époque. Une époque où la remise en question nécessaire des manières de construire demande à aller de l’avant tout en comprenant d’où l’on vient.
Dans un contexte d’urgence où les climats changent, les paysages se transforment, les espèces disparaissent et les populations se déplacent, aller de l’avant c’est sans attendre, accepter d’être des explorateurs.
Cette posture d’exploration nous amène à nous déplacer sans cesse, à changer de position. Nous sommes maîtres d’œuvre mais nous sommes aussi parfois ouvriers de nos propres chantiers. Nous travaillons à l’échelle de l’objet ou du mobilier mais aussi à l’échelle d’un quartier. Nous nous attachons à augmenter un logement existant mais nous construisons également des ouvrages d’art dans l’espace public. Nous accompagnons des processus d’auto-construction en transmettant nos expériences, mais parfois à l’inverse, c’est nous qui allons apprendre des autres en nous formant par exemple aux techniques de construction en terre crue ou en paille, en bois et en pierre massive.
Suivre le mouvement implique aussi de concevoir dans le temps. Nous pensons des architectures pérennes et d’autres qui vont se transformer progressivement. Nous faisons également des installations, des objets éphémères qui ne dureront que l’instant d’une interaction.
Nous avons appris à concevoir nos projets sur du papier et avec des logiciels informatiques dans des espaces virtuels numériques. Mais nous avons également appris en fabricant directement. Comme l’écrit Arthur Lochmann qui est philosophe et charpentier, on pense aussi avec nos mains. En tant que praticiens, faire, c’est déjà penser. Ce n’est pas le résultat a posteriori d’un travail intellectuel.
Peut-être parce qu’il n’y a plus le temps. Peut-être parce que nous avons trop à apprendre du contact direct au monde qui nous entoure. Alors nous nous mettons très tôt en action, nous concevons en même temps que nous fabriquons.
Nous travaillons dans un atelier qui est à la fois un espace de conception et de fabrication. On y manipule des logiciels numériques et des instruments de menuisier, du papier, du carton et une imprimante 3D.
Nous cherchons à pratiquer une architecture à l’interface entre artisanat et technologie, bricolage et performance technique. Ainsi, nous pouvons utiliser des outils numériques pour calculer et mettre en œuvre des matériaux naturels. Mais nous pouvons également produire des architectures paramétriques en utilisant des méthodes constructives artisanales : une charpente traditionnelle calculée par informatique; un toit de chaume voisinant avec des panneaux photovoltaïques; des tétrapodes modulaires cousus à la main.
Innover signifie pour nous redécouvrir des techniques oubliées, détourner des procédés, re-questionner des manières de faire éprouvées et surtout chercher l’hybridation des matériaux, des méthodes et des outils.
Concevoir en fabricant signifie apprendre à penser avec ce que l’on manipule pour construire l’espace. Comme l’écrivent Gilles Deleuze et Félix Guattari, il y a une vie propre à la matière. On ne peut plus envisager le projet aujourd’hui comme l’exploitation d’une ressource au service d’une idée. C’est pourquoi nous essayons de penser non pas à partir de la matière mais avec elle. Nous lui prêtons une attention particulière, à sa plasticité ou sa résistance, à sa durabilité ou son instabilité. Elle guide notre travail de conception.
Pour Alvaro Siza, c’est lorsque l’architecture commence à être façonnée par la vie de la matière que démarre le véritable travail de construction. Lorsque nous employons le bois ou le béton, la terre ou les plastiques et les composites, nous gardons à l’esprit que la matière travaille aussi.
Nous avons conscience que tout matériau mobilisé dans un projet est un état temporaire de la matière. C’est pourquoi nous nous efforçons d’inscrire nos projets dans le cycle des matériaux et dans la vie des objets, qu’ils soient biosourcés, industriels ou préfabriqués.
Le recyclage des matières, le réemploi ou le détournement d’objets manufacturés sont à la fois une évidence à l’heure des défis environnementaux et une source d’innovation et de création, une économie et une écologie du projet. Nous cherchons à produire une architecture économe et attentive à son environnement. Cela nécessite d’envisager l’architecture comme un générateur de synergies : entre les espaces, les matériaux et les personnes qui vont vivre là.
Penser en fabricant c’est essayer de ne pas séparer une forme de son geste, un espace de son usage. Aussi, nous fabriquons des lieux qui sont le fruit de débats collectifs entre nous et puis avec ceux qui vont les vivre. Les habitants chez qui nous transformons l’espace intime, les usagers à qui nous proposons des paysages quotidiens sont les constructeurs qui vont après nous, utiliser, fabriquer et s’occuper de l’architecture.
Concevoir des espaces que d’autres vont habiter est une grande responsabilité. Il est important que le projet d’architecture reste un processus ouvert, un espace de dialogue. Car nous pensons que l’on vit mieux dans des espaces qui ont été pensés pour être vivants.
Etre architecte en 2020, c’est un processus en cours. Nous voulons continuer à explorer le cadre de l’exercice professionnel en réinterrogeant les contours de nos commandes, en ayant encore l’opportunité de générer les nôtres et surtout en poursuivant notre apprentissage.
Etre dans une position constante de curiosité à la matière, aux gestes, aux savoir-faire et aux manières de vivre nous semble indispensable pour parvenir à suivre, à s’adapter mais aussi à être utile dans un monde incertain.
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